La Naissance des Premiers Kizoyus
Ce texte nous conte qu’il y a plusieurs dizaines de milliers de cycles de cela, le Céleste messager MU IDA (Mou I-da) descendit des étoiles sous la forme d’un Ancien de douze pieds de haut, avec pour mission de guider les Premiers Peuples en leur apprenant l’art, le parler, l’amour et l’essence de la vie.
Cependant, lors de sa descente sur terre, c’est sa tête qui frappa le sol en premier, et il fut pris d’amnésie, ce qui lui fit oublier qui il est, son nom, d'où il vient et même le langage des Dieux.
Sans aucun repère, il parcourut les étendues de ce jeune monde ; de la jungle au désert le plus aride, sans but, avant de tomber sur une panthère au pelage et aux pupilles argentées.
Le félin lui dit qu’elle se sentait seule, car personne dans le règne animal ne voulait s’associer avec elle, car elle ne leur ressemblait pas. Le plus terrible était que même les Anciens la craignaient, car ils ne pouvaient comprendre son parler. Ils n’entendaient que des rugissements étouffés lorsque celle-ci tentait de les approcher et de communiquer avec eux.
MU IDA se sentait lui aussi seul. Comme la panthère, il ne ressemblait à personne d’autre sur ces terres étrangères et, de plus, ayant oublié ses propres origines, il était incapable de se souvenir de qui il était et pourquoi il était là. Il demanda alors à la panthère si elle voulait parcourir le monde à ses côtés, car peut-être que la mémoire lui reviendrait en compagnie de sa nouvelle amie.
Avec la plus grande satisfaction, la panthère accepta. Ils parcoururent ainsi, pendant plusieurs cycles, les forêts, les champs, les montagnes et les déserts du monde en se cachant des Anciens qui tentaient de les tuer aussitôt qu’ils les apercevaient.
Cependant, MU IDA et la panthère étaient bien différents sur plusieurs aspects. Le Céleste n’avait pas besoin de se nourrir et ne dormait jamais. Il ne vieillissait pas et ne souffrait ni de la lourde chaleur de l’orbée ni du froid glacial de la nuit. Il se contentait d'être et d’observer le monde changer autour de lui. Pourtant, il sentait une chose qui s’éveillait en lui, cette seule et unique chose qui semblait modifier sa personne.
Sa fidèle amie, la panthère, elle, se nourrissait de viande et devait ôter la vie pour se sustenter. Elle s’endormait durant l’orbée pour se réveiller au crépuscule du soleil couchant. Son caractère restait quant à lui invariable, toujours émerveillée par le monde qui l'entourait, comme si elle découvrait la vue à chacun de ses réveils.
Le pelage de sa fourrure paraissait, quant à lui, changer de couleur en fonction de son humeur : blanche, tachetée de cercles rouges lorsqu’elle se sentait heureuse,ou jaunâtre lorsqu’elle ressentait de la peur. Elle pouvait aussi devenir noire lorsqu’un mélange de sentiments de gratitude, de mélancolie et d’amour indéfinissable l’envahissait.
Lorsqu’elle dormait, sa fourrure blanche argentée étincelante revenait, comme si elle renaissait. Cependant, plus les cycles passaient, plus son pelage s’assombrissait pour finalement rester teinté de gris foncé, avec de faibles variations selon son humeur. Un matin, la panthère demanda à MU IDA s’il voulait lui donner une progéniture avant que la vie ne l’abandonne, ce que le Céleste accepta. Néanmoins, ni l’un ni l’autre ne pouvait deviner ce qu’il en ressortirait.
À leur grand étonnement, de cette union naquirent trois enfants, qui dérobèrent la vie de leur mère, ne pouvant survivre à la mise au monde.
Ainsi naquit GALĀT (Ga-la-at), celui dont on murmure qu’il s’est nommé par lui-même. Il est décrit dans sa forme la plus majestueuse, assis, les griffes agrippant un soleil flamboyant, ses deux immenses ailes d’obsidienne déployées, démesurées, dépassant de loin la taille de son propre corps. Sa tête et l’avant de son corps sont ceux d’un aigle royal, tandis que l’arrière-train révèle les traits d’un grand félin.
Cet Esprit Primordial est souvent perçu comme une figure quasi omnipotente. Il est le gardien du temps et de l’espace, détenteur des secrets de la divination. Les chamans, dans leurs rituels, l’invoquent pour écarter le voile des cycles à venir.
Le Céleste donna à son deuxième enfant le nom de MĀT (Ma-at). MĀT est représenté sous les traits d’une silhouette féline et longiligne, couronnée d’une tête humanoïde aux contours androgynes cuivrée. Souverain du royaume des rêves et de la nuit, MĀT est aussi connu pour apparaitre là où on l’attend toujours le moins, et aider les jeunes âmes perdues.
Il est celui qui, d’après les nombreux ouvrages écrits à son sujet, n’aurait jamais eu de corps métaphysique tel qu’on puisse l’imaginer.
Enfin, le dernier des enfants porte le nom de MAKŪTA (Ma-kou-ou-ta). Ce dernier est incarné sous la forme d’une panthère noire, dont le corps est constellé de myriades d’yeux lumineux, disséminés comme autant d’étoiles sur sa silhouette.
Les descendants de MAKŪTA, sont appelés de nos jours des mingwas. Panthères géantes, félins redoutables, seul mon père, le roi des alkebs, RË Xangó Mamake, l’un des Kizoyu les plus puissants à avoir foulé cette terre, peut se targuer d’avoir su pénétrer l'esprit de l’une de ces créatures de légendes.
Le mingwa, insondable pour tous les autres, est alors devenue l’emblème de notre clan et le symbole de la force de notre lignée.
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Jessy
GALĀT, le fratricide